Une étude internationale coordonnée par l’Université agricole de Chine et à laquelle participe l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) de France montre que la rotation des cultures surpasse la monoculture continue en termes de rendement, de qualité nutritionnelle et de revenus agricoles. L’étude s’appuie sur plus de 3 600 ensembles de données d’observations de terrain provenant de 738 sites d’essai sur six continents.

L’équipe a analysé systématiquement les données d’essais de terrain collectées entre 1980 et 2024, évaluant les effets de la rotation des cultures sous trois dimensions : rendement, production nutritionnelle et bénéfices économiques. Les résultats indiquent que la rotation des cultures augmente le rendement total moyen de 20 %, avec un effet encore plus marqué pour les systèmes incluant des légumineuses, atteignant 23 %. La rotation réduit également la variabilité interannuelle des rendements, améliorant la stabilité de la production agricole.

En termes de qualité nutritionnelle, les cultures en rotation fournissent respectivement 24 % et 14 % d’énergie alimentaire et de protéines en plus, avec une augmentation de 17 % à 27 % pour les oligo-éléments tels que le fer, le magnésium et le zinc. L’analyse économique montre que la rotation des cultures accroît les revenus agricoles de 20 % par rapport à la monoculture. L’étude fournit également des analyses de cas spécifiques par région agricole : en Argentine et au Brésil, la rotation soja-maïs améliore la qualité nutritionnelle de 191 % et les revenus de 189 % par rapport à la monoculture de soja ; en Afrique de l’Ouest et australe, la rotation sorgho-maïs offre environ 90 % d’avantages globaux par rapport à la monoculture de maïs.

Bien que la rotation des cultures soit largement appliquée en Europe, la monoculture domine encore en Afrique, en Asie du Sud et en Amérique du Sud en raison de la demande du marché et des habitudes culturales. Les chercheurs soulignent que la transition des systèmes agricoles mondiaux doit tenir compte des caractéristiques régionales et surmonter les obstacles pratiques à la promotion de la rotation, tels que les traditions culturales et les structures des chaînes d’approvisionnement.