Les émissions de carbone de l’aviation représentent 2,5 % du total mondial ; avec une demande de voyages aériens prévue pour doubler d’ici 2040, la transition bas carbone est urgente. Une étude conjointe Tsinghua-Harvard publiée dans Nature Sustainability montre que la production de carburant aviation durable (SAF) à partir de déchets solides urbains par gazéification-synthèse Fischer-Tropsch peut réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80 à 90 %. Cette solution révolutionnaire transforme les restes alimentaires, plastiques et autres déchets en carburant bas carbone, offrant une solution à moyen terme pour la neutralité carbone de l’aviation.

L’analyse du cycle de vie montre qu’environ 33 % du carbone entrant dans le procédé SAF à base de déchets urbains est converti en carburant. Les principaux obstacles techniques résident dans le déploiement à grande échelle des systèmes de gazéification et l’optimisation du rendement de conversion du carbone. « Transformer les déchets quotidiens en carburant aviation est une initiative innovante pour une aviation propre », déclare la première auteure Zhang Jingran. « Ce carburant peut être utilisé directement dans les moteurs actuels, sans attendre les percées technologiques futures. » En capturant le CO₂ lors du traitement ou en ajoutant de l’hydrogène vert, le taux de conversion pourrait être fortement amélioré.
L’industrie aéronautique mondiale accélère l’adoption du SAF : les États-Unis prévoient 35 milliards de gallons de SAF par an d’ici 2050, l’Union européenne exige 70 % de SAF pour les vols au départ d’ici 2050, et le programme CORSIA de l’OACI promeut la réduction via des mécanismes de compensation carbone. Selon l’étude, les déchets solides urbains mondiaux pourraient être convertis en 50 millions de tonnes de SAF par an, réduisant 16 % des émissions de l’aviation ; avec de l’hydrogène vert, la production pourrait atteindre 80 millions de tonnes, couvrant 28 % de la demande mondiale et réduisant 270 millions de tonnes de CO₂ par an.
L’analyse économique montre que, dans un système de tarification du carbone, le SAF à base de déchets peut générer des économies pour les compagnies aériennes. Le responsable de l’étude, Michael B. McElroy, souligne : « La coopération entre gouvernements, producteurs de carburant et compagnies aériennes est cruciale pour augmenter la production, réduire les coûts et accélérer la décarbonation de l’aviation. » Actuellement, le SAF représente moins de 1 % du carburant aviation mondial ; son coût élevé limite son déploiement à grande échelle, soulignant la nécessité d’un double moteur : incitations politiques et innovation technologique.













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